Du 17 au 21 janvier 2022, je suis intervenue en tant que formatrice à l’Ecole Supérieure Européenne d’Intervention Sociale. Durant cette semaine, au travers de jeux de rôles en lien avec la pratique professionnelle, d’échanges et de débats, les étudiants se sont essayés au « choix des mots » . Un travail d’écriture a également été proposé en lien avec l’objet d’intervention. Quelques textes issus de la consigne d’écriture « écrivez à la manière de Grand Corps malade » sont livrés ici.

Portée par la chanson Brandt Rhapsodie de Benjamin Biolay et Jeanne Cherhal, les participants ont écrit des SMS puis un « serment d’amour calligramme » au dos d’une carte postale. Pour le texte final, la proposition était d’écrire un poème, « Prendre corps », à la manière de Gherasim Luca tout en intégrant l’épistrophe « Parle moi d’amour ». Les voix de Serge Gainsbourg, Lucienne Boyer ou encore Grand Corps Malade nous ont accompagnées durant ce temps de création.

Contactée par la compagnie Actemo Théâtre, j’ai animé des ateliers d’écriture de novembre 2021 à mars 2022 auprès des résidents de l’EHPAD « les Colibris » au Centre Hospitalier d’Erstein. Au travers d’objets anciens, nous avons pu raviver la mémoire et faire émerger des souvenirs et des mots. Ces objets ont pris vie dans « la Maison d’Anna », installation scénographique en lien avec la pièce « Vous êtes ici. Dans ma poche d’exilée un flocon de neige », création de la Compagnie.

Pour cet atelier inspiré par le Printemps des poètes dont la thématique est l’éphémère, nous avons commencé par inventorier des moments fugaces puis à la manière des poèmes de métro de Jacques Jouet, les participants ont été mis au défi en s’essayant au « tram-poème » écrit dans le tramway de Strasbourg. A partir de ce matériau, chacun a ensuite écrit quelques haïkus. Enfin, la proposition d’écriture finale s’est inspirée du livre jeunesse de Béatrice Alemagna, « Les choses qui s’en vont ». Ces moments d’écriture ont été accompagnés par les chansons de Serge Gainsbourg « Le poinçonneur de lilas » ou encore « La jeune fille du métro » titre repris par le groupe Guinguette Hot Club.

Orange orageux, rose barbie, jaune or dix-huit carats, voici quelques unes des couleurs convoquées par le nuancier de souvenirs des participants de ces ateliers. Accompagnés par les lectures de Jean-Pierre Otte, « L’amour au jardin » ou encore celle de Colette, « Pour un herbier », nous avons traversé les saisons pour aller cueillir des pétales d’écriture. Une corolle de récits, délicate comme une première rose.

Des bancs poèmes situés dans le jardin du Palais Royal au banc public, nous nous sommes appropriés l’espace tel un banc de poissons. A la manière du peintre et graffeur, Jean-Michel Basquiat, nous avons biffé les mots, non pas pour les effacer, mais pour les mettre en lumière. La production finale s’est inspirée d’un texte de Grand Corps Malade dont je vous laisse deviner le titre. Ce slam, tout comme les chansons de Louis Chedid « La fille sur le banc » ou de Georges Brassens « Les amoureux des bancs publics », sont une invitation à venir s’asseoir, au plus près de nous, au plus près de nos mots, sur le banc de la vie.

A la manière de Vincent Van Gogh, nous nous sommes essayés à une observation rapprochée de la nature en recueillant des éléments trouvés dans le parc qui nous a accueillis pour cet atelier. Chacun s’est constitué un panier – de mots comme de fragments naturels- puis a choisi un élément central qu’il a fait vivre, dans la production finale. Un texte écrit à la manière de Mélissa Pigois, dans « Une vie merveilleuse », livre jeunesse qui raconte la vie d’une feuille. Les textes ont également été inspirés par des extraits d’ouvrages comme « Forêts » de Robert Harrison ou encore « Devant la beauté de la nature » d’Alexandre Lacroix.

Durant une semaine, les mots ont été dépliés, les souvenirs déployés, les valeurs affirmées. Ces textes, déclamés lors de la restitution des ateliers en fin de semaine, ont été écrits par les étudiants, seul.es et en groupe: Héloïse, Romane, Matteo, Angela, Vincent, Clara, Nesrine, Émilienne, Sofiane, Émeline, Samiha, Lila, Laurie, Étienne.

Une journée d’écriture créative pour partir à la recherche, seul et ensemble, du bonheur. Des expressions, des listes, des sons. Un détour par un labyrinthe – à la bonne heure!- aussi mathématique que prophétique. Un décret dystopique, écrit à la manière des dix commandements, imaginé par des participants d’atelier devenus fonctionnaires de la République BIS- Bonheur Identité Stabilité. Pour terminer la journée, les écrivants, bureaucrates déchus privés de leur BIB – Bonheur Intérieur Brut- ont été invités à écrire un récit d’anticipation. De la pure fiction dont l’inventive vérité sert de première marche à la liberté.

Un arbre généalogique renversé, un personnage pivot, des histoires croisées…Une journée d’écriture toute en intimité où la mémoire restaurée a rencontré l’encre et le papier. Les souvenirs de Georges Perec, d’Annie Ernaux et Hervé le Tellier nous ont accompagnés durant cet atelier.