Le silence de celui qui lit, seul,
Elancé sur son séant,
Hissé à toute aise, vers l’Ile de Ceylan.
Encensé par ceux qui, si lents,
Ne savent, sans élan ni sens,
Ni s’enlacer ni se prélasser.
Le silence de ceux qui, sans mot, s’entendent.
Le silence de ce qui s’entend sans plus attendre.
Le silence de l’entre-deux introuvable,
lorsque chacun se réduit à un.
Le silence enfin, de l’apaisement retrouvé,
lorsqu’une fois la flèche décochée,
la corde se détend.
EvaNaissance
Le silence du temps qui passe, qui nous laisse témoin muet et inconscient de ses transformations quotidiennes.
Le silence de la fleur qui s’élance vers le soleil au printemps, de toutes ses merveilleuses couleurs et de tous ses divins parfums.
Le silence d’un havre de paix, lit dans lequel je m’étends, que je retrouve en moi quand je médite.
Le silence de la tristesse, quand la douleur endolorit mon cœur, me révélant que je n’ai pas fait le deuil de mes anciennes rancœurs.
Le silence de mes doigts et de mes lèvres qui effleurent ta douce peau pour te réveiller tendrement le matin.
Le silence de nos regards qui croise celui de nos sourires, révélant toute la joie de nous retrouver après une longue attente.
Le silence d’un lever de lune qui éclaire doucement la campagne, et l’illumine avec bienveillance d’un laiteux halo de lumière argentée.
Le silence d’un jardin couvert d’un épais manteau de neige, un matin de janvier où la nature est au repos.
Le silence de la paix que je ressens en contemplant ce paysage d’un blanc immaculé de la terre au ciel.
Le silence de la nature, d’une beauté étincelante et tranquille, qui me met dans un état de pure béatitude, tant sa perfection est simple et complète.
Le silence de la neige qui fige tout en douceur la nature, flocons cristallins qui recouvrent d’une couverture immaculée nos défauts et nos qualités.
Le silence du Ciel et de la Terre qui nous apportent tant d’amour et de nourritures quotidiennes qu’ils passent le plus souvent inaperçus.
Le silence de mon âme qui me guide, à travers la lumière de mon cœur, à arrêter toute activité, simplement pour Être et m’offrir à un présent immaculé et éternel.
Le silence de nos cœurs, dans un amour qui se passe de mots, tranquilles, car unis et sereins, enlacés dans une flamme grandissante, à l’Uni-Son du Grand Vivant et au rythme de l’Uni-Vers.
Julie
Le silence comme…
Le silence du plateau sur lequel on va bientôt tourner.
Scène II, le silence, agité, frustré, intenable des visiteurs qui découvriront la toile inédite.
En flash-back, le silence profond et sec du psy. De celui qui écoute les sons, les ça d’un autre petit a-longé sur le divan du monde et n’ayant plus les pieds sur terre.
Plan final, les six lances perçantes qui attendent médisantes le tigre endormi repu de chaire céleste et de gouttes d’océan.
Et puis de nouveau le silence du plateau.
intérieur, début de jour, porte, fenêtre, ouvertures.
Nuances de gris, projection lumineuse, étalage beige.
Réverbérations, éclats de lambris, parquet, plaintes, double vitrage.
Forme (carreaux, carré, rectangle) et matière (bois, verre, tissu).
Point de bruis mais un silence indocile tout compte fait.
Un silence bruyant et bavard, indomptable et carnassier prêt à tout dévorer.
Il est grand temps de couper.
Alain B.
Un enfant
Ce matin-là la mère était morte dans la maison silencieuse. On avait appelé l’enfant. Il avait dû donner la main à la vieille qui l’avait amené devant le lit de la morte. L’enfant voit sa mère morte. Elle dort, elle ne bouge pas. Elle est blanche et calme. Il veut toucher sa main mais la vieille le tire en arrière, l’empêche de toucher la main de sa mère. On l’a fait sortir de la chambre, le petit est assis dans une autre pièce, sur une chaise trop haute, il ne dit rien. La porte est fermée. Dans une flaque de lumière sur le plancher avance une petite araignée. La poussière danse dans un rayon de lumière. Derrière la porte fermée l’enfant entend des voix sans comprendre les mots. Il est seul, il attend. La mère est partie sans lui. Il regarde ses jambes maigres qui pendent de la chaise trop haute. Ses jambes pendouillent au-dessus du sol comme des cloches qu’on aurait oublié de faire sonner. Il y aura toujours cette porte entre l’enfant et la mère.
Tonio K
Le silence de l’île au large des mers.
Le silence lancinant de l’âme quand elle sombre.
Le silence de mon élan vers l’Univers.
Le silence gracieux d’un battement de paupière quand je dis oui à ta peau.
Le silence de notre Amour vibrant bien au-delà des temps.
Le silence de la lumière qui t’accompagnait la première fois que je t’ai vu.
Le silence ouvert sur ton éternité, sur ton infinitude, malgré ton absence.
Le silence du rayon de soleil sur ma peau qui me rappelle le Vie, alors que Toi tu n’y es plus.
Le silence du cocon douillet, cadre rassurant qui m’autorise à tourner mon regard à l’intérieur de moi même.
Le silence clair et immense de me retrouver Moi, enfin, de me voir à nouveau.
J’ai plongé dans les profondeurs de mon être. J’y ai touché la souffrance avant de me retrouver.
J’existe, je suis… en silence.
Sam